L’efficacité énergétique des installations frigorifiques, un enjeu essentiel pour la chaîne du froid

25/04/2019
Partager sur picto facebook picto twitter picto linkedin

Aucune innovation importante n’a amélioré le processus de fabrication du froid depuis 1859. Il est aujourd’hui majoritairement produit par compression en utilisant l’énergie électrique, chère et source de pollution. Améliorer l’efficacité énergétique des installation frigorifiques est donc vital pour la chaîne du froid.

Les technologies du froid apportent une contribution majeure à l’humanité dans de multiples domaines, tels que la conservation des denrées alimentaires, la maîtrise de la qualité de l’air intérieur, la liquéfaction des gaz, la maîtrise des procédés industriels, la production des denrées alimentaires et des boissons, et le refroidissement des équipements informatiques. Sans les techniques frigorifiques, la société moderne ne pourrait exister.
Environ 15% de la consommation mondiale d’électricité est utilisée pour l’alimentation des systèmes frigorifiques et de conditionnement d’air. Grâce aux apports bénéfiques du froid, on évite le gaspillage des denrées, et on peutles transporter par des moyens respectueux de l’environnement. Mais, une utilisation mal maîtrisée et donc peu efficace de l’énergie peut à l’inverse constituer un véritable gaspillage de ressources précieuses et contribuer au réchauffement de la planète. L’impact des systèmes frigorifiques sur le réchauffement planétaire est principalement dû à la production de l’énergie requise pour les alimenter. Iln’est qu’en très faible partie dû aux émissions de certains frigorigènes.

Les dangers d’une mauvaise maîtrise de l’énergie

Si le recours au froid reste un bienfait pour l’humanité, l’efficacité énergétique des installations frigorifiques est ainsi un défi majeur pour la chaîne du froid pour les prochaines années en raison d’une part de l’augmentation inéluctable du coût de l’électricité, d’autre part en prévision des futures exigences de l’Union Européenne dans ce domaine.
Le français Charles Tellier  a été le premier dans le monde à utiliser le froid pour la conservation des viandes, ce qui lui a permis d’effectuer en 1876 le premier transport de viandes entre l’Argentine et la France, inaugurant ainsi la première chaîne du froid. Depuis lors, la technologie de production du grand froid a permis de réaliser des progrès importants pour améliorant la qualité, la conservation et la sécurité des aliments.
Pour autant quelques constats s’imposent. La part de l’électricité dans les charges de production de froid négatif est importante et l’augmentation des tarifs électriques conjuguée avec une prise de conscience des utilisateurs a conduit à la nécessité d’améliorer l’efficacité énergétique des installations. Il apparait que de nombreux moyens d’action existent, mais il convient de réunir une expertise suffisante dans l’ensemble des domaines (pilotagedes installations, aéraulique, dégivrage, régulation, récupération de chaleur).

Peu de progrès depuis 150 ans dans la fabrication du froid

Ajoutons à cela que depuis plus d’un siècle, à l’exclusion de quelques process de congélation, l’industrie et la logistique du grand froid ont recours exclusivement à la production de froid par compression, basée sur le changement d’état de fluides frigorigènes. Si des améliorations ont été apportées au cours des décennies, aucune innovation majeure n’a véritablement été apportée en un siècle.
Aux débuts du froid industriel, diverses technologies de production de froid négatif industriel cohabitaient mais ont été « oubliées ». Ainsi en1859 naissait la première  machine frigorifique à absorption, inventée par le français Ferdinand Carré, Il semble que plusieurs laboratoires de recherche investissent dans le renouveau de cette technologie.
En outre, la plupart des technologies de production de froid permettent en parallèle de produire de la chaleur en grosses quantités. La difficulté de pouvoir utiliser cette chaleur et un intérêt économique mal appréhendé ont empêché le développement des technologies de récupération de chaleur, parmi lesquelles l’utilisation de connaissances anciennes comme l’effet Seebeck.

Un enjeu de taille pour la chaîne du froid

Enfin, avec la sortie du marché régulé de l’électricité, les exploitants d’installations frigorifiques sont soumis pour leurs achats d’électricité à une volatilité. Celle-ci est préjudiciable à la mise en place de politiques tarifaires lisibles permettant d’accompagner les clients dans la durée.
Les enjeux en lien avec les constats ci-dessus sont importants. Compte tenu desfortsimpacts sur l’environnement, ces enjeux sont économiques, sociétaux et environnementaux.
Le potentiel d’innovation dans le secteur du grand froid est important. C’est en fait une vraie chance pour la filière.
Jean-Eudes Tesson

Président du Groupe Tesson

 

Partager sur picto facebook picto twitter picto linkedin